samedi 30 avril 2011

Xanadu sur Arte

Xanadu sur Arte, interview du réalisateur Podz - L'EXPRESS

Rencontre avec le réalisateur québécois Daniel Grou, alias Podz, à l'occasion de la diffusion de Xanadu sur Arte.

A l'occasion de la deuxième édition du festival Séries Mania, qui a fermé ses portes le 17 avril au Forum des images, LEXPRESS.fr part à la découverte des séries TV et des réalisateurs étrangers. Tous les vendredis, pendant un mois, focus sur un pays et ses productions télévisuelles. Après Israël et avant la Corée du Sud et l'Australie, place au Canada et rencontre avec le réalisateur Podz, à l'occasion de la diffusion sur Arte de sa dernière série Xanadu, à partir de ce samedi 30 avril. 

Mathilde Bisson, Nathalie Blanc

Xanadu est une série française, produite conjointement par Arte et Haut et Court mais l'un de ses deux metteurs en scène, Daniel Grou est un des réalisateurs québécois les plus en vue. Il a remporté un vif succès chez lui au Canada avec l'excellente série Minuit, le soir. Ce trentenaire est aussi familier des studios américains puisqu'il a travaillé sur la série The Hunger pour Showtime ou encore Drop Dead pour CBC. C'est à ce réalisateur de stature internationale que nous avons posé des questions sur sa dernière production et le monde de séries de façon plus générale.

L'histoire de Xanadu, celle d'une famille plongée au coeur de l'industrie pornographique pendant plusieurs dizaines d'années, évoque directement celle de Marc Dorcel. A-t-il été une influence directe dans l'écriture du scénario de Séverine Bosschem ?

Non, pas du tout. Nous avons fait des recherches pendant la préparation de la série, rencontré des gens du milieu et écouté leurs histoires. Il y a de vrais acteurs pornos dans Xanadu, c'est le cas par exemple de Phil Hollyday qui incarne Brendon Hard On, c'est quelqu'un qui a tourné des centaines de films. Mais globalement, Xanadu se situe plus du côté du fantasme que de celui de l'histoire vraie.

C'est moins une histoire sur l'industrie du porno que celle, plus classique, d'une saga familiale. En quoi est-ce que l'univers pornographique était nécessaire d'un point de vue narratif ?

L'univers du porno a ceci de particulier qu'il permet de mettre les personnages dans des situations extrêmes. Ce qui m'intéresse, de manière générale, c'est comment quelqu'un réagit face à un problème donné. Le monde de cette industrie ressemble à celui d'un clan avec ses codes. Il est hors de la société civile, un peu comme celui des flics ou des enseignants. Les Valadine sont ostracisés et ils évoluent en vase clos. Avec Séverine Bosschem, nous voulions également dénoncer une certaine hypocrisie vis-à-vis du sexe. Aujourd'hui, le sexe est partout mais nous ne pouvons pas le montrer de façon explicite. Je trouve ça complètement absurde.

Au-delà même des scènes filmées entre acteurs pornos, la vision du sexe est globalement sombre, pour ne pas dire morbide dans Xanadu... Pourquoi avoir éliminé toute dimension de plaisir ?

Je n'en sais rien. C'est vous qui voyez cela ! Je ne suis pas d'accord. Vous parlez là de vos propres projections. Les gens ont toujours des réactions excessives face au sexe... Une scène de sexe, c'est avant tout un dialogue entre deux personnes. Ce qui m'intéresse c'est ce que dit le sexe sur les gens. Le rapport des Valadine à la sexualité est trouble parce qu'il s'agit de personnes qui ne sont pas bien dans leur peau. Mais il y a aussi du plaisir parfois, je ne suis pas d'accord. 

Quelle est la différence la plus notable, selon vous, entre la façon de travailler en France et au Canada ?

Je crois qu'en France on passe plus de temps à discuter et à intellectualiser tout ce que l'on fait. Au Canada, les choses se font de manière plus directe. Ceci étant dit,au Québec, on n'aurait pas pu oser quelque chose d'aussi audacieux que Xanadu

Quel regard portez-vous sur les séries françaises ?

Vous savez je ne suis pas un grand téléspectateur. Je travaille tout le temps... J'ai regardé Les beaux mecs, c'est tout. Ça m'a plu.

Comment décririez-vous la spécificité canadienne dans le monde des séries?

Le fil conducteur des séries canadiennes, c'est la question de notre identité. Contrairement aux Canadiens anglophones, nous cherchons à nous démarquer sans nous sentir obligés de faire comme les Américains. 


Xanadu, écrite par Séverine Bosschem et réalisée par Podz
A partir du samedi 30 avril, 22h35, Arte
Deux épisodes diffusés par soir.
in http://www.lexpress.fr
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