dimanche 6 février 2011

Affaire de Pornic, le ministre connaissait la pénurie et il n’a rien fait


06 Février 2011 Par Club Droits Justice et Sécurités


Chacun ne peut qu’être ému par la tragique mort de la jeune Lætitia et s’incliner devant la douleur de ses proches.

Une instruction judiciaire a été ouverte et elle doit permettre de faire toute la lumière sur ce crime. La justice doit suivre son cours.

Après une réunion à l’Elysée, dans un communiqué de presse commun daté du 31 janvier, le garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur ont mis en cause magistrats, policiers et personnels éducatifs de Nantes en annonçant des sanctions pour leurs défaillances. Trois jours après, le président de la République n’hésitait pas à surenchérir, avec véhémence et mépris, dans cette rhétorique de la recherche, coûte que coûte, de sanctions.

Il n'est, assurément, pas normal que le mis en cause n'ait pas été pris en charge par un conseiller d’insertion et de probation nique, semble-t-il, des plaintes n’aient pas été suivies d’effet.

Est-il pourtant nécessaire de stigmatiser certains alors que depuis des années, relayés en cela par les constatations unanimes de multiples rapports officiels, magistrats et personnels pénitentiaires ne cessent d’alarmer les pouvoirs publics en raison de l’insuffisance criante des moyens affectés à la prise en charge des personnes soumises à des mesures de suivi après condamnations ?

Spécialement, à Nantes au cours de l’année 2010, se sont succédés des rapports alarmistes sur la vacance prolongée d’un poste de juge de l’application des peines et la grave insuffisance des effectifs du service pénitentiaire d’insertion et de probation. Ainsi le ministre savait et il n’a rien fait.

Les réponses annoncées après le drame (notamment faire appel aux retraités pour pallier les carences du système…) ne prennent pas au sérieux la situation des services judiciaires et pénitentiaires de notre pays.

Soumis au règne de la « performance », la justice, se voit privée des moyens nécessaires à son fonctionnement. Ainsi, le budget 2011, n’hésite pas à annoncer triomphalement la suppression de 76 postes de magistrats ! Avec des services pénitentiaires d’insertion et de probation en sous effectifs chroniques, l’administration pénitentiaire doit mettre en œuvre 170 000 mesures pour prendre en charge des délinquants et éviter les risques de récidive !

Privilégiant, dans un tel contexte, le traitement des stocks et des flux, au détriment d’une réponse adaptée à chaque cas et d’un suivi efficace des personnes condamnées, la justice pénale est en perte de sens et d’efficacité.

Cette vérité là, le gouvernement se garde bien de la regarder en face.

Comme d’habitude, il refuse d’assumer les conséquences de sa politique et spécialement de l’organisation de la pénurie des services publics conséquence de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) voulue par Nicolas Sarkozy. Comment, alors, tolérer cette volonté incessante de flétrir des professionnels de justice, pour fuir ses propres responsabilités ? Et la crédibilité des objectifs de prévention de la récidive et de protection des personnes, affichés à grand renfort de communication, ne résiste pas à l’analyse.



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