07.06.2011
RSA : Hirsch ironise sur ses six minutes à l'UMP
L'UMP poursuit son offensive anti-RSA. De quoi irriter son créateur, Martin Hirsch. L'ancien Haut-Commissaire aux solidarités actives est pourtant invité mercredi de la convention sur la justice sociale du parti, censée aborder en profondeur ce sujet. Mais, il n'aura que six minutes pour se défendre. Trop peu, explique-t-il, sur son blog : "Avec un peu de chance j'aurai droit de passer un Powerpoint. J'ai douze diapos, cela fait trente secondes par diapo..."
Six minutes. L'intervention de Martin Hirsch mercredi lors de la convention sur la justice sociale de l'UMP est bien calibrée. En une demi-douzaine de minutes, l'ancien Haut-Commissaire aux solidarités actives va défendre le revenu de solidarité active (RSA), qu'il a porté au cours du débat présidentiel en 2007 et dont il a accouché en juin 2009. Trop court pour l'ancien patron d'Emmaüs, qui ironise sur ce timing serré sur son blog, hébergé par le site du Nouvel Observateur.
"Six minutes, c'est rapide sur un sujet qui concerne, aujourd'hui, près de deux millions de foyers et qui fait l'objet de tant de contre-vérités", avance-t-il dans ce texte publié lundi. "Six minutes, c'est court pour à la fois rétablir quelques vérités, pour rappeler quelques résultats, et pour formuler des propositions pour l'améliorer plutôt que de le détruire (...). J'ai donc travaillé pour préparer ces six minutes. Avec un peu de chances j'aurais droit de passer un Powerpoint (faveur que j'ai sollicitée). J'ai douze diapos, cela fait trente secondes par diapo", grince-t-il à nouveau.
Hirsch défend son "bébé"
Six minutes dans une convention censée préparer le projet présidentiel, ce n'est pas grand chose, surtout que l'Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE) lui laissera plus de temps, sur le même sujet, en ce début de semaine. Cet organisme n'a pourtant pas la réputation d'être un repère de gauchistes pro-assistanat", ajoute-t-il, alors que Jean-François Copé annonce dans La Voix du Nord mardi, qu'il va proposer que certains bénéficiaires du RSA travaillent "entre cinq et dix heures par semaine" au service d'une collectivité, reprenant ainsi une idée choc avancée par Laurent Wauquiez début mai. Le ministre des Affaires européennes critiquait alors l'assistanat, "cancer de de la société française".
Des propos qui ont choqué Martin Hirsch, qui n'a jamais aimé que l'on s'attaque à son "bébé". Citant deux articles des Echos, il explique que le RSA activité (*) a permis en 2010 "à 140.000 foyers de sortir de la pauvreté" et que le dispositif a "rapporté de l'argent à l'Etat, près d'un milliard". "Il serait d'ailleurs intéressant de savoir où est passé ce milliard, différence entre ce que rapporte la taxe sur les revenus financiers, créée avec le RSA, et les dépenses supplémentaires liées au complément de revenu pour ceux qui travaillent sans parvenir à boucler leurs fins de mois", ajoute-t-il.
Les Echos expliquaient pourtant que cet excédent du Fonds RSA devrait être utilisé pour combler la baisse de la dotation de l'Etat pour les années à venir. Il pourrait aussi financer la prime de Noël des bénéficiaires ou encore tout simplement le RSA quand le dispositif aura enfin vraiment décollé (leur nombre est toujours inférieur aux prévisions). Mais Martin Hirsch en a, semble-t-il, marre d'entendre parler de travail "obligatoire" : "Avant de rendre obligatoire un travail, une mission, un service, efforçons nous de répondre à la demande spontanée, volontaire (...). Et si cette volonté d'imposer des obligations nouvelles aux citoyens n'était qu'un moyen de masquer des obligations non tenues?". De quoi promettre six minutes de tensions mercredi.
(*) Le RSA se découpe en deux parties : le RSA socle, qui est distribué comme l'était le RMI, et le RSA activité. Ce dernier est versé au bénéficiaire de l'allocation qui a retrouvé une activité. Son montant est alors calculé en fonction des nouvelles ressources du foyer. L'allocation moyenne des personnes dans cette situation est de 170 euros par mois. Pour plus de précisions, lire aussi: Le RSA, mode d'emploi.
05.06.2011
6 minutes chrono pour sauver le RSA: Avant-première exclusive
Mercredi 8 juin, j'irai plancher devant la commission de l'UMP sur le RSA. Le nouvel obs avait annoncé il y a une dizaine de jours que je disposerai de 6 minutes 15... en réalité, on m'a annoncé il y a quelques jours que le temps qui me serait imparti serait de 6 minutes.
6 minutes, c'est rapide sur un sujet qui concerne aujourd'hui , près de deux millions de foyers et qui fait l'objet de tant de contre-vérités.
6 minutes, c'est court pour à la fois rétablir quelques vérités, pour rappeler quelques résultats, et pour formuler des propositions pour l'améliorer plutôt que de le détruire. L'OCDE, cet organisme qui n'a pas la réputation d'être un repère de gauchistes pro-assistanat me laisse un peu plus de temps, en ce début de semaine, pour aller expliquer le RSA dans une réunion internationale parce que l'OCDE pense que ce que nous avons mis en place peut intéresser d'autres pays. En m'invitant, ils se sont excusés de "croire au RSA" quand en France, ceux qui l'ont voté cherchent à le remettre en cause.
J'ai donc travaillé pour préparer ces six minutes. Avec un peu de chances j'aurais droit de passer un power point (faveur que j'ai sollicitée). j'ai douze diapos, cela fait trente secondes par diapo. SI je n'ai pas le temps de les passer tous, je les mettrai sur ce blog pour une séance de rattrapage.
Au moment où on explique que le RSA est un système qui coûte cher pour être inefficace, les échos lui ont consacré deux articles coup sur coup. L'un pour expliquer que, en 2010, le RSA avait permis à 140 000 foyers de sortir de la pauvreté. L'autre pour démontrer que le RSA avait rapporté de l'argent à l'Etat, près d'un milliard. Il serait d'ailleurs intéressant de savoir où est passé ce milliard, différence entre ce que rapporte la taxe sur les revenus financiers, créée avec le RSA, et les dépenses supplémentaires liées au complément de revenu pour ceux qui travaillent sans parvenir à boucler leurs fins de mois. La question est posée dans l'une de mes diapositives. j'espère que j'aurai le temps de la passer. Car j'ai même quelques suggestions pour que cet argent retrouve sa destination première et bénéficie aux salariés les plus modestes...
je n'aurai pas le temps, dans ces six minutes, de souligner un rapprochement curieux entre deux propositions. Celle, célèbre, qui consiste à imposer 5 heures de travail gratuit à tous les bénéficiaires du RSA sans activité (et peut-être aussi aux autres personnes qui reçoivent un revenu de solidarité?). Celle de rendre le service civique obligatoire pour tous les jeunes (rémunéré 300 euros et non pas 540 euros comme aujourd'hui).
Ce qui est curieux, c'est que d'habitude on rend obligatoire quelque chose quand personne ne veut le faire de manière facultative. On a rendu obligatoire le port de la ceinture de sécurité en voiture, parce qu'il y avait trop d'automobilistes qui ne la bouclaient pas.
Là c'est l'inverse. Le nombre d'allocataires du RSA qui voudraient travailler, qui voudraient avoir un contrat aidé, ou qui voudraient prolonger un contrat aider plutôt que de revenir au chômage au bout de deux ans est énorme. Ils sont volontaires pour travailler. Certes, ils voudraient travailler plus de 5 heures. Ils sont plutôt demandeurs d'un temps complet. On leur explique que cela n'est pas possible, qu'il n'y a pas assez de contrats.
Même problème pour le service civique. Le nombre de jeunes désirant d'eux-mêmes faire leur service civique est bien supérieur aux nombre de missions financées pour ces jeunes. Notre problème actuel n'est pas de les forcer à le faire mais de pouvoir répondre à leur demande.
D'où une proposition simple : avant de rendre obligatoire un travail, une mission, un service, efforçons nous de répondre à la demande spontanée, volontaire.
Je reconnais que le raisonnement est peut-être trop simple. J'avais appliqué le même au moment où le débat faisait rage sur l'obligation qui devrait être faite aux SDF d'aller dans les foyers d'urgence. En participant à des maraudes de nuit, j'avais pu constater que des SDF qui demandaient à pouvoir être héberger se voyaient opposer un refus faute de place! j'avais alors tiré la sonnette d'alarme et obtenu du Premier ministre qu'on inverse le problème. Que le service public soit obligé de dire oui à toute demande d'hébergement, avant toute autre chose.
Et si cette volonté d'imposer des obligations nouvelles aux citoyens n'était qu'un moyen de masquer des obligations non tenues?
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