jeudi 9 décembre 2010

La cyber-guerre fait rage pour défendre WikiLeaks - 20minutes.fr

La cyber-guerre fait rage pour défendre WikiLeaks - 20minutes.fr

Créé le 09.12.10 à 03h40 -- Mis à jour le 09.12.10 à 05h51

Un cyber-tract du groupe de hackers Anonymous qui appelle à des représailles pour défendre WikiLeaks
Un cyber-tract du groupe de hackers Anonymous qui appelle à des représailles pour défendre WikiLeaks DR 

HACKTIVISME - L'opération «Payback» s'est poursuivie mercredi. Les sites de Mastercard et Visa en ont fait les frais...

Ils se nomment Arkhangel, Chipi ou encore Fr3AkD0g5. Ils ont entre 15 et 30 ans. Mercredi soir, ils étaient plus de 2.000 apprentis hackers en ligne sur le channel IRC #operationpayback. Leur mission, résumée par un étudiant de 21 ans qui se fait appeler Wikanon: «Mener une mission de représailles contre tous ceux qui tentent de museler WikiLeaks.»
Entre eux, ils parlent une langue étrange qui ressemble vaguement à l'anglais. «Il y a désormais 2032 LOICs dans la ruche», s'enthousiasme l'un. Comprendre «2032 personnes qui ont volontairement fait don de leur ordinateur et de leur connexion Internet pour la cause». Grâce au logiciel LOIC (un acronyme geek pour «Low Orbit Ion Cannon», «canon à ion de basse orbite»), ils constituent un «botnet» de leur plein gré.


Anonymous, mouvement sans leaders


En général, ces réseaux de machines «zombies», contaminées par un cheval de Troie, sont exploités par des pirates à des fins criminelles (de spam, notamment). Ici, ces internautes donnent volontairement les clés de leur PC. «En quelques clics et sans aucune connaissance informatique, les voilà qui participent à des attaques DdoS» en déni de service, explique Wikanon. En noyant un site Web de requêtes de connexion, un tel groupe peut en général réussir à le mettre hors-service.
Ensemble, ils constituent le groupe «Anonymous». Ce mouvement sans véritable leader s'est déjà illustré par le passé en s'attaquant à l'Eglise de la scientologie ou encore à l'industrie du disque, suite à la condamnation des quatre fondateurs du site P2P PirateBay.
Savent-ils que prendre part à de telles activités est illégal et qu'ils s'exposent à des poursuites? «Qu'ils essaient de m'attraper, je suis bien protégé», s'amuse cet étudiant en mathématiques.


«Défendre la liberté d'expression»


Mardi, le site de la banque Suisse PostFinance, qui a gelé un compte du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, est resté inaccessible une bonne partie de la journée. Mercredi, celui de MasterCard, qui a bloqué les moyens de paiement de Wikileaks, était en rade pendant plusieurs heures. «Surtout ne vous attaquez pas aux sites des journaux, même de Fox», précise l'un. «Bon, on s'attaque à Visa ou pas», s'impatiente Linda1987, l'une des rares filles.
Alors que les hackers changent de cible, le site de Mastercard revient en ligne. «C'est le problème, avec 2.000 personnes, notre puissance de feu est limitée», regrette Wikanon. Rapidement, le site de Visa ne répond plus, sous les hourras de la chatroom.
Soudain, c'est le serveur IRC qui se retrouve HS. Le site anonOps.net, également. «Le groupe Anonymous est lui-même victime d'attaques en DDoS», explique la firme Panda Security, qui surveille la lutte heure par heure sur son blog. «Les attaques fusent, c'est la guerre», commente un expert, appelant le groupe adverse les «Patriotes», des hackers qui seraient en colère par la mise en danger de la vie des troupes américaines par les révélations de WikiLeaks.
Le compte Twitter de l'opération a également été fermé par la direction du réseau. Un nouveau a aussitôt vu le jour.
Pourquoi prendre part à ces escarmouches? «Pour certains, il s'agit juste de s'amuser», explique Wikanon. Qui conclut: «Mais pour beaucoup, il s'agit de défendre la liberté d'expression. Assange met à jour les mensonges des gouvernements et on fait de lui un criminel? C'est le monde à l'envers.»

Philippe Berry

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire